Une position optimale

02.10.2023   |   Reutlingen   |   Allemagne

La construction bois connaît actuellement un bouleversement dans lequel certains observateurs voient déjà le début d'une disruption. Il s'agit notamment de changements sur le marché qui suggèrent l'ouverture de nouveaux champs d'activité, ainsi que de nouveaux fournisseurs, investisseurs et start-ups avec des idées, des technologies et des approches innovantes. D'autre part, à l'heure du changement climatique, les signes de croissance du bois comme matériau de construction sont plus que jamais présents. Les entreprises bien positionnées ont donc de bonnes chances de compenser à l'avenir le recul général du secteur de la construction par une augmentation des parts de marché du bois.

Focus sur la construction de bâtiments

Pour SYNdikat Zimmerei AG, être bien positionné signifie dans un premier temps avoir diversifié ses secteurs d'activité depuis des années. Le développement de l'entreprise de Reutlingen, près de Stuttgart, en Souabe, s'est éloigné du segment de marché des maisons individuelles, qui est encore desservi aujourd'hui, mais qui ne joue qu'un rôle secondaire. Ce processus a été poussé par un manque chronique de terrains à bâtir, que la région de Reutlingen/Tübingen doit à une forte densité de population. Aujourd'hui, l'entreprise de charpentes se concentre sur les grands bâtiments. Les principaux domaines d'activité sont la construction d'immeubles d'habitation à plusieurs étages, les projets publics tels que les écoles, les crèches et les bâtiments universitaires, auxquels s'ajoutent parfois des bâtiments commerciaux pour lesquels elle ne fait toutefois pas de publicité active. Les clients sont des architectes, des promoteurs immobiliers, des sociétés de construction de logements et des groupes de construction ; de nombreuses commandes proviennent d'appels d'offres publics auxquels l'entreprise de charpentes participe régulièrement. Dans le cadre de ses projets, elle prend en charge, selon la configuration de la commande, des prestations individuelles, le gros œuvre ou, en tant qu'entreprise générale, le bâtiment complet, clés en main. Parmi les points forts du portefeuille de nouvelles constructions variées, on trouve par exemple une cantine scolaire ronde dont la façade - des panneaux à l'aspect bois noble - a été fournie et montée par SYNdikat. Une résidence universitaire de huit étages construite à Reutlingen, comprenant 185 appartements pour étudiants, vaut également la peine d'être vue. Il s'agit d'une construction hybride en béton armé et en bois, dont les murs extérieurs à ossature bois ont été réalisés par SYNdikat. Juste à côté, à Gönningen, l'entreprise a récemment construit pour un promoteur immobilier huit maisons jumelées modernes à ossature bois avec une façade en crépi ; et à Ludwigsbourg, au nord de Stuttgart, deux bâtiments de quatre étages offrant 38 logements pour une société de location immobilière - également à ossature bois, mais avec une façade en bardage de bois. Un autre projet, celui-ci très particulier, est le nouveau bâtiment tout en longueur qui abrite l'Institut régional d'apiculture de l'université d'Hohenheim. Ici, l'accent a été mis sur une construction durable, d'où le choix du bois comme matériau de construction. Les composants en béton dans les zones centrales et le béton armé du plancher sont constitués de béton recyclé ; les besoins en chauffage du bâtiment passif sont couverts par l'aération. Des éléments photovoltaïques couvrent les besoins énergétiques résiduels, les toits plats sont fortement végétalisés. Sur le site Web de l'entreprise de charpentes, on trouve en outre des maisons individuelles sophistiquées répondant à des normes énergétiques élevées. La liste des projets phares est longue et de grande qualité architecturale, car l'entreprise collabore généralement avec des architectes renommés. Cependant, SYNdikat ne rejoint souvent les projets qu'à un stade tardif, ce qui présente l'inconvénient de ne plus pouvoir influer sur la planification. C'était le cas par exemple sur un projet de surélévation de trois étages à Stuttgart, que l'associé Andres Lächele aurait souhaité réaliser en ossature bois : « Mais comme la protection contre les incendies était déjà réglée au moment de la passation de commande, le bois lamellé-croisé figurait déjà dans la demande de permis de construire. » Andres Lächele est l'un des trois associés de l'entreprise, qui a été fondée en 1993 - à l'époque avec sept associés - sous forme collective. Actuellement, elle produit un hall commercial à ossature bois de 1 200 m2 pour un constructeur de magasins qui a contacté l'entreprise de charpentes de sa propre initiative. SYNdikat emploie environ la moitié de ses quelque 35 collaborateurs dans le secteur de la rénovation. Un secteur qui contribue nettement moins au chiffre d'affaires annuel de 6,5 millions d'euros que la construction neuve, mais qui contribue à la large implantation de l'entreprise. Grâce au développement des projets de rénovation, il pourrait en outre offrir des perspectives intéressantes pour l'avenir, notamment en association avec des sociétés de location de logements solides financièrement, avec lesquelles Reutlingen a créé un excellent réseau.

Techniquement apte pour l'avenir

A Reutlingen, une entreprise voulant se lancer dans ce secteur d'activité y serait techniquement préparée. Le deuxième aspect d'une entreprise tournée vers l'avenir est son équipement : en octobre 2021, elle a complété la table à monter soi-même de WEINMANN, acquise en 2016, par une table de levage BUILDTEQ A-530 et un pont multifonctions WALLTEQ M-120, créant ainsi la capacité de répondre aux besoins élevés en éléments pour les grands projets et les rénovations en série. Parallèlement, SYNdikat a également créé les conditions idéales pour un haut degré de préfabrication avec des temps de cycle courts, en augmentant le nombre de collaborateurs. « Mais ça n'a pas été simple. Nous n'avons pas trouvé de nouveaux collaborateurs ici pendant longtemps. » Grâce à ces investissements, la production à Reutlingen est aujourd'hui nettement plus rapide qu'auparavant. « Nous sommes même beaucoup plus rapides que ce que je n'aurais pu imaginer », poursuit l'associé Andres Lächele. Mais pour lui, la vitesse de fabrication n'est qu'un des côtés de la médaille : « En fait, au moment de réinvestir, nous avions surtout en vue une plus grande précision grâce à l'automatisation. » Et au départ, l'idée était d'atteindre ces objectifs avec un centre d'usinage de panneaux. Cependant, l'entreprise s'est vite rendu compte que le pas financier à franchir pour passer à un pont multifonctions avec table de travail était plutôt petit, mais que les avantages supplémentaires qu'il apporterait en termes d'automatisation et de précision étaient d'autant plus importants. Elle a donc opté pour le pont, en commençant toutefois, sur les conseils de WEINMANN, par une petite solution. Ceci afin de ne pas surcharger les collaborateurs à la table et au poste de préparation du travail avec des opérations trop complexes au début. Le résultat a confirmé depuis ces deux décisions. La transition a certes été marquée par des erreurs de débutants, mais elle s'est tout de même déroulée sans heurts et sans problèmes. Et elle a apporté une nouvelle précision industrielle sur une large ligne, par exemple pour les rangées de clous sur le revêtement, « là où, avec la fabrication manuelle, il y avait toujours des clous à côté du montant ».

L'automatisation réduit les coûts

La cadence plus rapide de production augmente non seulement la capacité de fabrication de l'entreprise, mais permet également de réaliser des économies. Cela est particulièrement vrai lorsque des effets de série permettent d'exploiter des potentiels supplémentaires de réduction des coûts au niveau de la préparation du travail, par exemple pour les maisons jumelées ou pour les deux bâtiments quasiment identiques de Ludwigsbourg. « Nous avons ainsi facilement pu reproduire de nombreux éléments de construction identiques et similaires », se souvient Andres Lächele. « A Ludwigsbourg, des étages entiers étaient même pratiquement identiques. Cela a permis de réduire considérablement le temps passé sur la préparation du travail et, dans un tel projet, les effets de synergie se font également pleinement sentir au niveau de la production. Nous avons aujourd'hui de nets avantages en termes de coûts. » Le fait de pouvoir utiliser l'installation de production pas uniquement pour les éléments à ossature bois et de toiture constitue un avantage supplémentaire bienvenu. Dans le cadre du projet de Ludwigsbourg, les panneaux à trois couches pour 24 balcons ont été fraisés sur la fraiseuse, et les cloisons en bois lamellé-croisé entre les compartiments coupe-feu ont également été fraisées sur l'installation, recouvertes de plaques de plâtre renforcées par fibres de cellulose et ensuite clouées. Des nervures complexes pour le toit d'une station de vélos de Tübingen ont également été fraisées à l'aide du WALLTEQ M-120. Cela rend l'installation encore plus rentable, d'autant plus qu'elle a fonctionné sans interruption entre son montage en octobre 2021 et octobre 2022. Depuis lors, un coup d'arrêt économique se fait sentir à Reutlingen. Il y a des trous dans le carnet de commandes, le confortable matelas de commandes est épuisé, la nouvelle installation de production est parfois à l'arrêt pendant deux semaines. « Les promoteurs immobiliers et les pouvoirs publics ont eux aussi du mal à faire face à l'escalade des prix de la construction.»

Un regard optimiste vers l'avenir

Tout cela ne menace pas l'existence de l'entreprise, d'autant plus que les affaires sont en train de redémarrer, car la structure économique de l'agglomération de Stuttgart est particulièrement solide. Pour Andres Lächele, il est en outre clair que, dans le domaine des bâtiments à plusieurs étages, les choses iront de plus en plus loin à l'avenir, non seulement pour les constructions hybrides, mais aussi pour les bâtiments en bois avec une structure porteuse en lamellé-croisé ou en hêtre. Dans ce contexte, il est optimiste quant à la poursuite de la reprise dans le secteur de la construction : « Les besoins en logements sont en effet énormes, et toutes les flèches pointent vers la construction bois, qui va s'assurer des parts de marché croissantes grâce à des délais de construction courts, à sa durabilité et à sa faible empreinte carbone. Nous n'avons pas de souci à nous faire à ce sujet, d'autant plus que la part de marché des rénovations n'a cessé d'augmenter au cours des 20 dernières années et que le développement des rénovations en série renforce encore la construction bois.» Deux commandes importantes viennent d'ailleurs d'être passées à SYNdikat : une pour un bâtiment scolaire à Tübingen et une pour une crèche à Reutlingen. Dans ce contexte, le trio d'associés envisage peu à peu les prochaines étapes de développement de son entreprise. Dans un premier temps, il s'agit de transformer une partie du hall, actuellement utilisée comme entrepôt. Il est prévu d'y créer une station de finition et d'y ajouter des fenêtres. Ce changement d'affectation implique l'installation d'un pont roulant supplémentaire et la construction d'un nouvel entrepôt. Dans l'ensemble, il s'agit d'une tâche un peu délicate, car les possibilités du terrain de l'entreprise ont déjà été largement exploitées. Dans un deuxième temps, une table de rotation pourrait être installée à Reutlingen. Parallèlement, il faudrait investir dans un nouveau pont multifonctions « qui peut faire plus, car il serait équipé d'une scie et de plus de supports d'agrégats. Il faut d'abord que la structure du hall soit clarifiée pour ensuite pouvoir avancer petit à petit. » Il y aurait encore un peu de capacité de stockage à Reutlingen dans un deuxième hall. C'est là que se trouve l'installation de préparation et d'assemblage des éléments de charpentes, et comme elle se compose d'une scie de coupe en bout manuelle avec butée longitudinale électronique et optimisation des chutes, il y a encore de la place dans ce hall. Une nouvelle installation similaire n'est pas prévue : « Comme nous n'avons besoin que de montants coupés à angle droit pour les éléments à ossature bois et de toiture plate, nous sommes parfaitement équipés. Nous nous procurons des géométries plus complexes auprès du centre de taille, et je suis content que nous ne les produisions pas nous-mêmes. Vu les prix des charpentes dans notre région, ces commandes ne rapportent souvent pas grand-chose. »